vendredi 19 mars 2010

Espoir quand même ! Un exemple local d'appel à la Résistance

Tract signé "le Paraboche", Châteauroux, Société d'Imprimerie, 15 juin 1940, impr. (A. D. Indre, Affiches et Brochures, 1939-1945).

Ce tract est l'oeuvre de Jean Toulat, alors âgé de 24 ans, prêtre et sergent au 78ème régiment d'Infanterie à Châteauroux. Né à Chauvigny (Vienne) le 23 juillet 1915, il fait ses études au collège Saint-Stanislas de Poitiers puis entre en 1932 au séminaire d'Issy-les -Moulineaux ; ordonné prêtre pour le diocèse de Poitiers le 12 juillet 1938, il est vicaire à Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers. Mobilisé en 1939 comme chef de section, il participe à la Drôle de guerre ; évacué du front à l'hôpital de Montauban, il rédige un petit bulletin intitulé Le cafard enchaîné ; renvoyé ensuite par l'armée au dépôt de son unité, le 78e Régiment d'Infanterie à Châteauroux, il rédige une petite publication, Le Paraboche, qui n'eut que deux numéros (le premier daté du 26 mai 1940, le second publié dans la première quinzaine de juin). Le 15 juin 1940, il rédige ce tract intitulé Espoir quand même ! lequel, comme l'appel lancé trois jours plus tard par le général de Gaulle à Londres, met l'accent sur les ressources des empires français et britannique et croit en la victoire finale des alliés sur « le colosse nazi aux pieds d'argile » ; accepté par la censure civile et militaire, il est tiré à 5 000 exemplaires et distribué dans les divers quartiers de Châteauroux.
Démobilisé, Jean Toulat revient en Poitou comme curé de Jardres (Vienne), sur la ligne de démarcation, et il participe alors à diverses missions de résistance pendant l'Occupation. Après la Libération, il est nommé vicaire de la paroisse Saint-Porchaire de Poitiers (il le restera jusqu'en 1974), et commence à fournir des textes à l'hebdomadaire régional Le Courrier Français. Chroniqueur régulier de cette revue, il étend sa collaboration à l'ensemble des hebdomadaires catholiques de province à partir de 1949, et publie de 1960 à 1993 trente livres. Militant pacifiste, hostile aux essais nucléaires, à l'avortement, à l'euthanasie et à la peine de mort, Jean Toulat, ami de l'abbé Pierre, est décédé le 28 décembre 1994.



ESPOIR QUAND MÊME !

L'heure est tragique !
Elle n'est pas désespérée.
Au cours de ses deux mille ans d'Histoire, la France a subi de multiples invasions : toujours elle en est sortie vivante.
Paris est pris ? Mais déjà au siècle dernier, l'Allemand a souillé le sol de la Capitale.
Notre Pays est envahi ? Mais en 1429, que restait-il de notre Patrie ? Quelques hectares à peine, et pourtant la bergère de Domrémy a bouté l'envahisseur.
Mettons les choses au pire en supposant notre sol submergé par l'ennemi. Restent encore les immenses Empires britannique et français qui finiront par faire trébucher le colosse nazi aux pieds d'argile.
Ce raisonnement est appuyé par notre sentiment.
Nous sentons profondément que la France est immortelle.
La Patrie de Saint-Louis et de Jeanne d'Arc, le pays d'élection des Lettres et des Arts, le berceau de toutes les idées nobles et généreuses, la France en un mot, ne peut pas et ne doit pas périr.
Le cœur de la France peut saigner, il ne cessera pas de battre !
L'épreuve sera peut-être longue, mais tôt ou tard sonnera l'heure de la RÉSURRECTION !

« LE PARABOCHE »

Questions :

1. Qui est l'auteur de ce document et quelle est sa situation au moment où il le réalise ?

2. Quand ce document a-t-il été réalisé et dans quel contexte, personnel et/ou historique, celui-ci s'insère t-il ?

3. Quelle est la nature de ce document ?

4. Pourquoi selon l'auteur "l'heure est tragique" ?

5. Pourquoi selon lui "Elle n'est pas désespérée" ? (Quels sont encore les atouts de la France ?)

6. A quoi l'auteur fait-il référence pour convaincre le lecteur ?

7. Au final, quel est le but de cet appel ?


Réponses par Kévin Ramier 3B :

1) Ce texte a été écrit par un prêtre s'appelant Jean Toulat. Ce dernier vit alors à Chateauroux au moment où il réalise ce tract aux idées résistantes. Chateauroux étant une des villes non-occupée et non-envahie lors de l'écriture et de la fabrication de ce texte. Il écrit sous le pseudonyme de "Paraboche" afin de ne pas se faire repérer.

2) Ce tract s'insère dans le cadre de la demande de résistance. Il est rédigé le 15 juin 1940, trois jours avant celui radiodiffusé depuis Londres par le Général de Gaulle. Jean Toulat, le « père de ce tract » le rédige sous le nom de Paraboche ( para= se protéger; boche= nom donné aux allemands; paraboche= se protéger des allemands ! ).

3) Ce document est un tract résistant et imprimé clandestinement réalisé par Jean Toulat ( un prêtre militaire et résistant ! ).

4) Pour l'auteur, « l'heure est tragique », en effet la France de Pétain est collaboratrice et l'armée allemande ne tarde pas à envahir une partie du territoire français. Si la France ne réagit pas et ne résiste pas, l'heure sera beaucoup plus tragique pour le pays.

5) Pour lui, la France n'est pas seule, elle peut encore compter sur son vaste empire colonial ainsi que sur le Royaume-Uni et les ressources des Etats-Unis. Pour le Paraboche, la France doit encore résister et ne pas se laisser envahir par l'armée allemande, « ne peut et ne doit pas périr ».

6) L'auteur fait référence à la bataille de 1429 qui a opposé la France et le Royaume-Uni, lors de cette date, la France avait perdu les tois quarts de son territoire mais Jeanne d'Arc (« la bergère de Domrémy »),en seule résistante avait réussi à « bouté » les envahisseurs anglais. Le lecteur peut alors se « référencier » à Jeanne d'Arc et avoir envie de résister, c'est exactement le but de ce tract.

7) Au final, cet appel lancé trois jours avant celui du Général de Gaulle, est un appel à la résistance. Il s'appuie sur les mêmes arguments que le Général utilisera trois jours plus tard, c'est à dire que la France n'est pas seule, qu'elle peut résister et compter sur les ressources du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

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