dimanche 29 novembre 2009

La défaite vécue par un haut fonctionnaire républicain

Extraits du Journal (Chartres, 14-18 Juin 1940)
Jean Moulin, Premier combat, Les Éditions de Minuit, 1999, 169 p.

15 heures 30

Paris est pris ! La nouvelle nous est apportée par les réfugiés. Pour notre secteur, je n'ai aucune précision sur l'avance allemande depuis la communication du Colonel commandant la subdivision.

Le téléphone est coupé depuis plusieurs jours avec Dreux et le service d'estafettes de gendarmerie que j'avais organisé pour y suppléer a été interrompu hier soir sur ordre du commandant, en raison de la violence des bombardements.

[...] Dans la voiture qui nous emmène tristement, personne ne dit mot, mais chacun de nous a les mêmes pensées.

Ainsi, c'est fini ! Les Boches vont entrer dans le département sans que leur soit opposée d'autre défense que celle de quelques éléments en contact qui se replient.

[...] Il est dix-neuf heures environ. Dans la cour de la préfecture, j'ai la désagréable surprise de voir tout mon personnel entassé dans des camions et prêt au départ. J'avais donné des ordres formels pour que chacun restât à son poste Furieux, je somme mes gens de descendre et j'enjoins à chacun de reprendre son poste, jusqu'à nouvel ordre.

Je ne reconnais plus mon personnel. Quelques femmes sont dans un état effroyable.

Des hommes qui, hier encore, refusaient de descendre dans les caves pendant le bombardement pour travailler à mes côtés, sont saisis par la peur. Tel ancien combattant de 14, réputé courageux, qui, il y a quelques heures à peine, était volontaire pour une mission dangereuse, a complètement perdu le contrôle de lui-même.

Le vent de panique qui les avait jusqu'ici épargnés a maintenant soufflé sur eux. Les nerfs sont à bout. Chacun n'a qu'un but : Fuir.

17 juin. 3 heures du matin

Un bruit continu de camions avec, par intervalle, le roulement caractéristique des chenilles des chars d'assaut, viennent me tirer de mon sommeil. Le bruit persistant, je descends dans le jardin d'où l'on domine le boulevard Sainte-Foy. Dans la nuit, les véhicules lourds et les tanks défilent sans arrêt, venant du nord. Le cortège se prolonge indéfiniment : amis ou ennemis?

[...] Je crie à ces soldats dont je ne distingue dans l'obscurité que la silhouette imprécise : «Français ou allemands?» «Français!» me répondent plusieurs voix. «Que faites-vous?» Ajoutai-je. «On fout le camp...» Je reste là dans le noir, tant que dure le défilé. C'est ensuite le passage pénible, poignant de l'infanterie. Ils avancent par groupes, par files, exténués, sans un mot.

[...] «Ah! Si on avait fait une contre-offensive sérieuse, tous les gars auraient fait leur devoir, jusqu'au bout... Mais, maintenant, il est bien tard et je crois bien que tout est foutu... On est crevé! » J'essaie de leur remonter le moral, de leur dire qu'ils se referont derrière la Loire et qu'on tiendra... «Puissiez-vous dire vrai», me répondent-ils.

Ce sont les derniers soldats français libres que je devais voir avant de longs mois.

Le 17 juin, entre 8 et 9 heures du matin, les premiers soldats de la Wehrmacht entrent dans Chartres et des officiers allemands prennent alors contact avec Jean Moulin.

Questions :

1. Quel est la nature de ce document ? (Discours, lettre à un parent, courrier officiel, journal intime, mémoires, roman, poème, essai, tableau, dessin, photographie, etc.)

2. Qui en est l'auteur et quelle est sa situation au moment où il le réalise ? A l'aide du site de la fondation de la France Libre, précisez son parcours et sa fonction en 1940.

3. Quand ce document a-t-il été réalisé et dans quel contexte historique celui-ci s'insère-t-il ?

4. D'après ce témoignage, quelles sont les réactions de la population face à la progression de la Wehrmacht France ? Classez vos réponses (l'auteur, le personnel de la préfecture, les soldats français) en précisant les raisons.

Réponses :

Par Maeina Cranney, 3E

1) La nature de ce document est un courrier officiel.

2) L'auteur de ce texte est Jean Moulin, et il est préfet de Chartres quand il là réaliser. C'est le plus jeune préfet de France, en 1940 il tente de se suicider.

3) Ce document à était réalisé le 17 juin 1940 à 3h du matin,il s'insère dans le contexte historique de la seconde guerre mondiale.

4) D'après ce témoignage, les réactions de la population face à la progression de la Wehrmacht France sont que les gens fuient face à l'avancée allemande: extrait de texte: - « On fout le camp... ».

Réponses par Chemel Melissa, 3E :

1/La nature de ce document est un courrier officiel.


2/ L'auteur de ce texte est Jean Moulin.


Sa situation au moment ou il le réalise est qu'il est préfet de Chartes, son parcours est qu'il est le plus jeune préfet de France puis préfet de Rodez puis préfet de Chartes puis il tente de suicider.


3/ Ce document a été réalisé le 17 juin 1940 à 3 heures du matin. Ce contexte historique s'insère dans la deuxième guerre mondiale.


4/ D'après ce témoignage, les réactions de la population face a la progression de la Wehrmacht

France sont qu'ils fuient face à l'avancée allemande, extrait de texte: « on fout le camps »...

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